Sous les eaux du Laacher See, en Allemagne, la caldeira d'un immense volcan. (photo DR) |
Demi-surprise pour ceux qui utilisent le mail de yahoo : sur la page de garde, d'ordinaire franchement racoleuse, figure un bel article intitulé sobrement "un énorme volcan menace l'Europe". Après la crise financière, la crise volcanique ? "Un volcan allemand caché sous les eaux serait sur le point d'exploser et inquiète les scientifiques", poursuit l'accroche de l'article.
Une rapide investigation - c'est à dire un clic un brin honteux - permet d'en savoir plus sur l'origine de cette information. Il faut aller chercher du côté du Daily Mail, célèbre quotidien britannique, qui se réjouit visiblement de mettre de l'huile dans le volcan médiatique. Pour les non-anglophones et ceux qui ne désireraient pas s'abimer les yeux, l'article se résume en quelques phrases citant - sans les nommer - des "scientifiques" et "chercheurs" inquiets de l'activité du Laacher See. Plus quelques phrases chocs, du style "la menace cachée : le Laacher see semble tranquille mais sous ses eaux gît un volcan qui pourrait dévaster l'Europe".
Pour information, le Laacher see est effectivement un volcan toujours en activité. Il est entré en éruption pour la dernière fois il y a 12 900 ans, causant des dégâts gigantesques et répandant ses cendres à travers l'Europe. Durant l'éruption, sa chambre magmatique s'est vidée et a provoqué un effondrement. Puis a donné naissance à une vaste caldeira, c'est à dire une vaste dépression circulaire entourée de falaises. La caldeira de Laach a enfin été recouverte d'eau. Le lac fait 3,5 km2 pour une profondeur maximale de 55 m et se situe à quelques dizaines de kilomètres de Bonn et Cologne. Son activité volcanique se poursuit et des dégazages modestes et réguliers s'y produisent, ainsi que des épisodes sismiques de faible intensité
Pour le Daily mail et les nombreux médias qui l'ont repris à travers l'Europe, ces dégazages montrent que le danger est à nos portes. Pour le volcanologue Erik Klemetti, il s'agit d'abord et surtout d'une paresse journalistique doublée d'une volonté de surfer sur la vague de la fin du monde, prétendument prévue pour 2012. Du clic assuré. "C'est comme si le Daily Mail titrait "Un énorme cyclone va s'abattre sur Londres" après avoir vu un nuage à travers la fenêtre", sourit-il, jaune. Selon Erik Klemetti, aucun élément ne vient montrer que l'activité de dégazage du volcan a augmenté ces derniers mois. Il embraye : "laissez moi le répéter : il n'y a aucune preuve scientifique pouvant indiquer la fin du monde en 2012". On est à peine le 3 janvier, l'année risque d'être longue. Si on en voit le bout !
Julien Balboni
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