Pour chasser en toute discrétion, certaines
araignées sont capables de changer de couleur selon les fleurs sur lesquelles elles se mettent à l'affût. Le passage d’une couleur à une autre ne se ferait pourtant
pas toujours si facilement, selon une nouvelle étude publiée dans Ecological
Entomology. Le phénomène a été observé chez Misumenoides
formosipes, une araignée-crabe d’Amérique du Nord dont les femelles peuvent
être blanches ou jaunes. Le long des lisières forestières, 96% d’entre elles
sont de la même couleur que les fleurs sur lesquelles elles reposent.
La couleur des femelles de Misumenoides formosipes est assortie à celle de leur support (clichés David Hill). |
Une expérience a permis de comprendre
d’où venait cette correspondance quasi parfaite. Les chercheurs ont d’abord
transféré des araignées blanches sur des fleurs jaunes. Ils ont constaté que la
plupart devenaient complètement jaunes en l’espace de trois jours seulement.
Cette transformation s’accompagne d’une nette hausse de leur taux de capture de
proies, renforçant l’idée que ce camouflage rend les affûts bien plus fructueux.
En revanche, des araignées jaunes déposées sur des fleurs blanches ont réagi différemment. Plutôt que d’adopter la couleur de leur nouvelle cachette, presque toutes ont déménagé en l’espace de quelques heures. Les très rares qui sont restées n'ont opéré leur transformation que très lentement: la dernière à partir, au bout de deux semaines, n'était toujours pas complètement blanche. Cela suggère que les mécanismes biochimiques impliqués dans le passage du jaune au blanc sont énergétiquement bien plus coûteux que ceux permettant de virer du blanc au jaune. Ces coûts variables et leurs inconvénients en cas de couleurs dépareillées expliqueraient en partie pourquoi changer de couleur reste un phénomène rare dans le monde animal.
En revanche, des araignées jaunes déposées sur des fleurs blanches ont réagi différemment. Plutôt que d’adopter la couleur de leur nouvelle cachette, presque toutes ont déménagé en l’espace de quelques heures. Les très rares qui sont restées n'ont opéré leur transformation que très lentement: la dernière à partir, au bout de deux semaines, n'était toujours pas complètement blanche. Cela suggère que les mécanismes biochimiques impliqués dans le passage du jaune au blanc sont énergétiquement bien plus coûteux que ceux permettant de virer du blanc au jaune. Ces coûts variables et leurs inconvénients en cas de couleurs dépareillées expliqueraient en partie pourquoi changer de couleur reste un phénomène rare dans le monde animal.
Référence :
Anderson A. G., Dodson G. N., 2014 – “Colour change ability and its effect on
prey capture success in female Misumenoides formosipes crab spiders”, Ecological
Entomology, doi: 10.1111/een.12167.
Julien Grangier
Julien Grangier
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