Le poisson Pomacentrus moluccensis sait sortir de la gueule du loup (photo Paul Asman and Jill Lenoble, CC BY 2.0). |
Les récifs coralliens ne sont pas toujours paisibles pour les myriades de
jeunes poissons qui y grandissent. Bon nombre de prédateurs viennent piocher
dans leurs rangs, par surprise ou en les coursant hors de leurs abris minéraux. Le long de la grande barrière de corail australienne, un petit
poisson nommé Pomacentrus moluccensis
sait néanmoins se sortir des situations les plus critiques.
Des chercheurs ont étudié de près les rencontres entre cette espèce et son prédateur le plus acharné, le poisson Pseudochromis fuscus. Ils ont découvert que le Pomacentrus émet des substances chimiques sitôt que son épiderme subit la moindre blessure sous les dents de son agresseur. Ces substances se diffusent rapidement dans l’eau et ont pour
effet d’attirer d’autres prédateurs parmi les Pseudochromis des environs. Une façon d’en finir plus vite ?
Au contraire : l’ultime chance d’en réchapper ! Car ces chasseurs ne rappliquent que pour une chose : voler sa proie au premier
qui l'a attaquée. Se comportant en cleptoparasites – le terme scientifique pour ce
genre de malandrins qui laissent aux autres la peine de repérer et de capturer une proie – ils se disputent énergiquement avec leur concurrent pour
lui faire cracher le morceau. Tactique incertaine, car s’ils y parviennent parfois, la cohue qu'ils provoquent offre aussi une brève opportunité de fuite à la proie. Selon des observations sous-marines et des expériences en
aquarium, celle-ci a 40 % de chances
d’échapper à son agresseur quand elle parvient à attirer d’autres prédateurs,
contre 5 % dans le cas contraire. Paradoxalement, signaler sa présence aux
prédateurs peut donc s’avérer salutaire dans les situations les plus désespérées.
Un banc de poisson le long de la Grande Barrière de corail (photo Brian Gratwicke, CC BY 2.0). |
Référence :
Lönnstedt O. M., McCormick M. I. 2015 - “Damsel in distress: captured
damselfish prey emit chemical cues that attract secondary predators and improve
escape chances”, Proceedings of the Royal Society B 282 (doi:10.1098/rspb.2015.2038).
Julien Grangier
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