« À la fois bizarres et
mignons » : ainsi les dinosaures du genre Psittacosaurus sont-ils qualifiés par un paléontologue de l’université
de Bristol. Cette description peu académique fait suite à un travail qui l’est
beaucoup plus : la reconstitution très précise d’un de ces animaux à
partir d’un fossile exceptionnellement bien conservé. Cette étude renseigne non
seulement leur allure, encore très débattue, mais aussi leur mode de vie.
Les psittacosaures étaient de petits
dinosaures bipèdes herbivores ne pesant pas plus de 20 kg. Le fossile en
question, découvert en Chine, est vieux
d’environ 120 Ma. Une première étude avait déjà permis d’éclairer un peu la nature des mystérieux filaments en forme de brosse à balai portés par la
queue - peut-être des signaux visuels à destination de ses congénères. Mais ce n’est pas tout. L’animal a été
fossilisé avec un tel niveau de détail que des résidus de mélanine, issus de la
pigmentation originale des écailles, indiquent encore très finement la
distribution des parties claires et sombres de sa peau.
L’analyse précise de ces résidus révèle que le psittacosaure était d’une couleur nettement plus foncée en face dorsale qu’en face ventrale, en particulier le long de sa queue et entre ses pattes.
Ce type de coloration à fort contraste dorso-ventral est connu chez de nombreux mammifères et poissons actuels. Il est parfois interprété comme une forme de camouflage anti-prédateur baptisée « ombre inversée » : à la lumière du jour, elle altère la perception des ombres se formant sur le corps de l’animal, le rendant moins visible dans son environnement. Les psittacosaures bénéficiaient-ils vraiment d’un tel effet dissimulateur ?
Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont réalisé un modèle grandeur nature du dinosaure. L’objet, uniformément gris, a été photographié en extérieur dans deux cas de figure : sous la lumière diffuse d'une zone boisée et sous la lumière directe d'une zone ouverte. Le but était d'identifier, dans ces deux conditions, les parties du corps où le volume de l'animal crée des zones d’ombres. Pour un camouflage idéal, la peau de l'animal doit être claire là où les ombres se forment et foncée sur les parties du corps les plus éclairées. Il a donc suffi d’utiliser les négatifs des photographies pour connaître la coloration théorique qui contrebalancerait parfaitement les ombres observées. Cette coloration idéale a ensuite été comparée à celle relevée sur le fossile pour savoir si le dinosaure se fondait vraiment dans le décor. Verdict : les deux correspondent bien dans le cas de l'éclairage tamisé du sous-bois.
Les chercheurs concluent que ce psittacosaure vivait sans doute en milieu forestier, puisque sa coloration semble lui procurer le camouflage idéal pour échapper à la vue des prédateurs dans cet habitat. Des exemples de coloration en « ombres inversées » avaient déjà été décrits chez des poissons fossiles, mais le cas du psittacosaure est une première chez les espèces fossiles terrestres.
Détail du fossile montrant la patte arrière gauche de l'animal. Des motifs de coloration de la peau, notamment des rayures, sont encore visibles. Barre d'échelle = 5 cm (Vinther et al. 2016). |
L’analyse précise de ces résidus révèle que le psittacosaure était d’une couleur nettement plus foncée en face dorsale qu’en face ventrale, en particulier le long de sa queue et entre ses pattes.
Le psittacosaure et les parties plus ou moins sombres de sa peau reconstituées intégralement (Vinther et al. 2016). |
Ce type de coloration à fort contraste dorso-ventral est connu chez de nombreux mammifères et poissons actuels. Il est parfois interprété comme une forme de camouflage anti-prédateur baptisée « ombre inversée » : à la lumière du jour, elle altère la perception des ombres se formant sur le corps de l’animal, le rendant moins visible dans son environnement. Les psittacosaures bénéficiaient-ils vraiment d’un tel effet dissimulateur ?
Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont réalisé un modèle grandeur nature du dinosaure. L’objet, uniformément gris, a été photographié en extérieur dans deux cas de figure : sous la lumière diffuse d'une zone boisée et sous la lumière directe d'une zone ouverte. Le but était d'identifier, dans ces deux conditions, les parties du corps où le volume de l'animal crée des zones d’ombres. Pour un camouflage idéal, la peau de l'animal doit être claire là où les ombres se forment et foncée sur les parties du corps les plus éclairées. Il a donc suffi d’utiliser les négatifs des photographies pour connaître la coloration théorique qui contrebalancerait parfaitement les ombres observées. Cette coloration idéale a ensuite été comparée à celle relevée sur le fossile pour savoir si le dinosaure se fondait vraiment dans le décor. Verdict : les deux correspondent bien dans le cas de l'éclairage tamisé du sous-bois.
Les chercheurs concluent que ce psittacosaure vivait sans doute en milieu forestier, puisque sa coloration semble lui procurer le camouflage idéal pour échapper à la vue des prédateurs dans cet habitat. Des exemples de coloration en « ombres inversées » avaient déjà été décrits chez des poissons fossiles, mais le cas du psittacosaure est une première chez les espèces fossiles terrestres.
Référence : Vinther J. et al. 2016 - “3D
Camouflage in an Ornithischian dinosaur”, Current Biology 26 : 1-7 (doi:
10.1016/j.cub.2016.06.065).
Julien Grangier
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