Les limaces du genre Arion, taxis pour nématodes (photo Tristram Brelstaff, CC BY-SA 2.0). |
C'est une star en biologie : le nématode Caenorhabditis elegans est un organisme modèle dont l'étude approfondie a permis des progrès significatifs en biologie moléculaire et en biologie du développement. Son génome est intégralement séquencé, on connaît le nombre de cellules qui compose son corps, on l'a même fait séjourner à bord de la station spatiale internationale. Et, paradoxalement, on ne sait toujours pas grand chose de sa biologie en milieu naturel. Cette lacune limitant forcément les interprétations qu'on peut faire de tous ces travaux de laboratoire, les chercheurs se penchent de plus en plus sur la question.
Le nématode Caenorhabditis elegans (photo Bob Goldstein, CC BY-SA 3.0). |
Les isopodes Porcellio saber font partie des transporteurs de Caenorhabditis (photo Acélan, CC BY-SA 3.0). |
Les intestins des limaces du genre Arion,
en particulier, grouillent de nématodes vivants, non seulement sous forme de
larves dites "dauer" (une forme robuste adoptée quand les conditions sont
difficiles), mais aussi d’adultes visiblement en pleine forme. Avalés par les limaces qui se nourrissent
dans les composts, ils peuvent même traverser intégralement leur tube digestif et en ressortir frais comme des gardons – autant qu’on
puisse l'être après ce genre de voyage. Ils peuvent résister à cet environnement agressif pendant au moins un jour et sans doute parfois plus longtemps.
Cette association nématodes-limaces est un nouvel exemple de "phorésie", méthode par laquelle un animal se déplace grâce à un autre. Les limaces ne semblent pas souffrir de cette présence clandestine, mais les biologistes soupçonnent que cette interaction peut facilement basculer vers le parasitisme. L'objectif est donc maintenant de savoir si, en plus d'être transportés gratuitement, ces vers se nourrissent aussi dans l’intestin de leurs hôtes.
Référence : Peterson C., Hermann R.
J., Barg M-C., Schalkowski R., Dirksen P., Barbosa C., Schulenburg H. 2015 - “Travelling
at a slug’s pace : possible invertebrate vectors of Caenorhabditis
nematodes”, BMC Ecology (doi: 10.1186/s12898-015-0050-z).
Julien Grangier
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