Chenille du papillon du papillon de nuit Heliothis phloxiphaga s'attaquant à une fleur d'Aquilegia eximia (Californie, cliché É. LoPresti). |
Organismes fixés au
sol par leurs racines, les plantes ne peuvent fuir devant les herbivores. Elles
ont donc développé différents modes de défense, directs comme des épines
acérées, ou indirects, comme le recours à des aides externes, les prédateurs
des herbivores (comme l’acacia qui sécrète des substances nutritives pour les
fourmis qu’il héberge). Mais comment rameuter ces derniers ? Certaines
plantes les attirent en leur fournissant abri ou nourriture. Mais que faire si
la plante ne dispose d’aucun de ces appâts ?
Chez Aquilegia eximia, une ancolie endémique de Californie, une étonnante astuce a été sélectionnée :
cette plante très collante englue de nombreux petits arthropodes qui, ne
pouvant s’échapper, finissent par mourir sur place et, en recouvrant la
plante, attirent non seulement les charognards mais aussi des prédateurs carnivores susceptibles d'attaquer ses ennemis. Des chercheurs américains ont
voulu mesurer le bénéfice de cette attraction pour
l’ancolie. Ils ont ainsi comparé les préjudices subis par deux lots d’A. eximia, un "nature" et l’autre
débarrassé chaque semaine de ses charognes. Et le résultat est sans
ambiguïté : le lot "nettoyé" a subi de nombreux dommages, en
particulier au niveau de ses fleurs, à la différence du lot resté "sale".
Ce mode de défense indirecte est donc efficace et apparemment assez commun
puisque les chercheurs ont recensé des plantes collantes potentiellement
piégeuses dans plus de 110 genres et 49 familles. Reste à trouver quel est le
"chant de sirène" qui attire les insectes "touristes",
selon les expressions des auteurs.
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Référence
LoPresti E. F., Pearse I. S. et Charles G. K., 2015 - “The siren song of a sticky plant : columbines provision mutualist
arthropods by attracting and killing passerby insects.” Ecology. http://dx.doi.org/10.1890/15-0342.1
Christine Dabonneville
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