La fritillaire arctique Boloria chariclea (photo Walter Siegmund CC BY-SA 3.0). |
Le
réchauffement global ne fait pas seulement fondre les glaces de l’Arctique, il
réduit aussi la taille des papillons. C’est ce que révèle une étude menée sur le long terme dans la station biologique de Zackenberg, au nord-est du
Groenland. Dans cette région, les données météorologiques de la période
1996-2013 montrent que les températures printanières moyennes augmentent et
que la fonte des neiges se produit de plus en plus tôt. Sur cette même période,
deux espèces de papillon (Boloria
chariclea et Colias hecla) ont
été suivies dans le cadre d’un vaste programme de recherche sur la biodiversité
arctique. Une corrélation étonnante ressort nettement : plus le printemps
vécu par les chenilles est chaud, plus les ailes des papillons adultes, l’année
suivante, sont petites. L’effet est net chez les deux espèces de papillons,
aussi bien pour les mâles que pour les femelles.
La région de Zackenberg, où a été menée l'étude (photo NTNU Vitenskapsmuseet CC BY 2.0). |
Les
causes exactes de ce phénomène sont encore difficiles à cerner. Les insectes
sont des animaux poïkilothermes, c’est-à-dire que leur température interne
varie avec celle du milieu. Le métabolisme des larves, dont dépend la taille finale des adultes, est donc fortement influencé par la température ambiante. Mais les effets peuvent aussi
être indirects, puisqu’un temps plus ou moins chaud peut affecter l’abondance
des ressources alimentaires disponibles dans l'environnement. Des
recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour démêler les différentes voies
par lesquelles le réchauffement du Groenland pourrait réduire la taille des papillons.
Quels
que soient les mécanismes en jeu, la découverte suscite quelques inquiétudes
quant au devenir de ces insectes. On estime que le réchauffement global représente déjà un « risque extrême » pour les deux papillons – comme pour la plupart des animaux arctiques – car ils peuvent difficilement migrer plus au nord. Leur envergure déclinante laisse penser qu’ils seront en outre contraints à voyager sur des distances de plus en plus courtes, ce qui pourrait affecter
leurs capacités de reproduction et de dispersion.
Référence :
Bowden J. J., Eskildsen A., Hansen R. R., Olsen K., Kurle C. M., Høye T. T. 2015
- “High-arctic butterflies become smaller with rising temperatures”, Biology
Letters 11 : 20150574 (doi: 10.1098/rsbl.2015.0574).
Voir
aussi
Espèces
n°17 – Août 2015 : La
thermorégulation chez les insectes, de la cigale à la fourmi par Laura
Pernet, Cindy Aubernon et Damien Charabidze (université Lille 2) P. 44-49
Julien Grangier
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