Petite mais costaude, Carukia barnesi (photo Lisa-Ann Gershwin, avec son aimable autorisation). |
Les cuboméduses, ce sont un peu les Rolls Royce des méduses : elles nagent plus vite que les autres, ont un sens visuel plus développé, et affichent une plus grande diversité de comportements. Elles sont aussi les plus venimeuses, infligeant des piqûres pouvant être fatales aux êtres humains.
Les crocodiles ne sont pas les seuls à rendre les plages australiennes si accueillantes (photo J. Grangier). |
Cela n’a pas empêché une équipe de
scientifiques d’étudier le comportement prédateur d’une de ces créatures, Carukia barnesi. Plusieurs individus ont
été prélevés en mer dans la région de Cairns en Australie. Placés dans des aquariums
et filmés pendant des heures, leur morphologie ainsi que leur attitude en
présence de larves de poissons ont été étudiées en détail. Et leur talent de
pêcheurs exposé au grand jour.
Un poisson piégé (a) au niveau d'un des amas de cellules urticantes (b). L'ombrelle de la méduse, qui ne mesure pas plus de 2 cm, est visible en (c) (photo tirée de Courtney et al. 2015 - Plos One). |
Il semble en effet que ces méduses
leurrent activement leurs proies afin de les capturer. Elles commencent par
étendre au maximum leurs quatre tentacules, qui peuvent atteindre 75 cm de long.
Elles les agitent ensuite par de brèves contractions environ une fois toutes les
10 secondes, comme le montrent les films réalisés pendant l'étude.
Agités ainsi, les amas de cellules
urticantes, situés tous les 3 cm le long des tentacules, deviennent plus visibles. Ces zones pâles, plus denses que le reste des tentacules, apparaissent alors
comme de petits points blancs aux mouvements saccadés. Ou, aux yeux des larves de
poisson, comme une proie idéale de type plancton marin.
Cela expliquerait
pourquoi les poissons s’approchent rapidement des tentacules, comme s’ils
poursuivaient une proie. Au moment de la gober, cependant, les voilà eux-mêmes
transformés en festin, foudroyés par le puissant venin de leur prédateur.
Les méduses ne se livrent à ces parties
de pêche qu’à la lumière du jour, jamais la nuit. Les biologistes pensent
qu’elles économisent ainsi leur énergie, car agiter leurs tentacules serait inutile
dans l’obscurité. D’autres animaux vivant à plus grande profondeur ont
développé une forme de « pêche » similaire, mais utilisable dans le noir. Certains siphonophores, par exemple, ne se contentent
pas d’agiter leurs cellules urticantes, mais les parent aussi d’une lueur rouge qui attirerait les poissons…
Référence : Courtney R., Sachlikidis
N., Jones R., Seymour J. 2015 - “Prey capture ecology of the Cubozoan Carukia barnesi”, Plos One (doi: 10.1371/0124256).
Julien Grangier
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